La prochaine conférence aura lieu le mercredi 11 janvier à 20h30 à La mairie de Saint Mandé dans la salle des conférences. Nous inviterons M. Philippe Portier Directeur d’études à l’EPHE, spécialiste des laïcités, titulaire de la chaire Histoire et sociologie des laïcités à l’École Pratique des Hautes –EPHE. La conférence traitera de la Laïcité dans la France contemporaine.
Cette première conférence de l’année 2022-2023 aura lieu le 23 novembre à 20h30 à la salle des fêtes de la mairie de Saint-Mandé avec comme conférencier Jean-Christophe Attias, historien et philosophe du judaïsme, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, Sorbonne, chaire de « Pensée juive médiévale – (VIe-XVIIe siècles) »
https://www.youtube.com/watch?v=f5tuHxHgbwI
Vidéo de la conférence du 23 novembre 2022 : racisme et antisémitisme dans les religions
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Conférence du 23 novembre 2022 : racisme et antisémitisme dans les religions
Le thème de l’année est « Les femmes dans les religions monothéistes ». Cette conférence sera portée par trois conférencières : juive, musulmanne, chrétienne.
Le thème de l’année est « Les femmes dans les religions monothéistes ».
Résumé de la conférence et article Cordoba.
Anne Soupa, une figure militante du catholicisme, qui discute de la place et de l’évolution du rôle des femmes dans l’Église catholique contemporaine. Le cœur de la discussion porte sur l’attitude du Pape François face aux réformes, notant qu’il est souvent entravé par un clan conservateur qui brandit la menace du schisme, notamment sur la question des femmes. Soupa critique la lenteur des avancées, qu’elle juge « dérisoire, » et analyse les interprétations historiques des Écritures, notamment la Genèse, soulignant des erreurs qui ont conduit à l’assignation de la femme à un rôle d’« aide » et à l’invisibilité dans la prise de décision. De plus, elle dénonce fermement l’attitude du Pape Jean-Paul II, qui a fait reculer la cause des femmes en verrouillant le débat sur l’ordination et en soutenant un différentialisme qui justifie l’inégalité. Finalement, Soupa appelle à l’égalité et au développement de la fraternité dans l’Église, soulignant que sans une ouverture aux femmes, l’institution risque de disparaître.
Anne Soupa est une figure éminente et militante au sein du catholicisme contemporain, connue pour ses positions fermes en faveur de l’égalité et de la visibilité des femmes dans l’Église.
Voici une discussion de son profil et de ses contributions, basées sur les sources fournies :
Identité et Engagement Public
Anne Soupa est présentée comme une essayiste, journaliste, théologienne et personnalité militante. Elle est une figure catholique qui succède à la génération des catholiques progressistes des années 1970 à 1990, tout en se positionnant légèrement différemment, car elle n’appartient pas à cette génération et arrive après elle. Elle espère néanmoins profiter des « portes » que cette génération a ouvertes.
Elle est particulièrement reconnue par le grand public pour avoir déposé sa candidature à la fonction d’archevêque de Lyon, primat des Gaules en 2020, pour succéder au Cardinal Barbarin. Son action est rendue plus efficace par ses nombreux ouvrages, qu’ils soient militants ou historiques, visant à provoquer un véritable éveil des consciences face à l’invisibilité des femmes dans l’Église catholique.
Elle milite activement par le biais d’associations, étant notamment impliquée dans le Comité de la Jupe et l’association Toutes Apôtres.
Analyse de la Crise Institutionnelle et du Rôle des Femmes
Anne Soupa analyse la situation de l’Église catholique en 2022 comme étant marquée par un cléricalisme structurel.
Le Problème de la Juridiction et de l’Ordination
Pour Anne Soupa, le cœur du problème institutionnel réside dans la juxtaposition de la fonction d’ordre (le sacerdoce) et de la fonction de gouvernement (la juridiction), une situation établie depuis la réforme grégorienne (XIe-XIIe siècle). En conséquence, toutes les responsabilités de gouvernement, d’enseignement et de sanctification (les tria munera) sont confiées exclusivement aux prêtres et aux clercs.
Elle considère cette situation comme une cause d’appauvrissement de l’Église catholique en forces humaines. Les diocèses sont mal gérés en raison d’un vivier de recrutement (les candidats à la prêtrise, environ 100 par an) beaucoup trop faible pour gouverner efficacement, une responsabilité qu’elle compare à celle d’un préfet ajoutée à une responsabilité spirituelle.
Bien que le Comité de la Jupe demande l’égalité, Anne Soupa ne croit pas opportun d’ordonner des femmes en ce moment. Elle estime que le ministère ordonné est dans une crise si profonde qu’y intégrer des femmes exposerait ces dernières à des difficultés, notamment à cause d’un droit canon mal conçu. Elle critique spécifiquement l’article 1008 du droit canon qui stipule que le ministère ordonné est d’« institution divine », ce qu’elle qualifie de « folie » et de décision prise par des hommes.
Elle estime qu’une solution pour l’avenir passe par la déconnexion de l’ordre et de la juridiction.
Critique de la Papauté et du Conservatisme
1. Jean Paul II : Le Recul de la Cause des Femmes Anne Soupa soutient que la cause des femmes a beaucoup reculé sous Jean Paul II. Elle lui attribue notamment la pression qui a conduit à la promulgation de l’encyclique Humanae Vitae (1968), interdisant la contraception, ce qui a été un facteur important du départ de nombreuses femmes de l’Église. Jean Paul II s’est opposé au mouvement émancipateur des femmes des années 70-90. Contrairement aux États qui affirmaient que les droits dérivent du fait d’être un être humain, le Vatican, sous Jean Paul II, a répondu que les droits dépendent du sexe. Elle dénonce en particulier l’exhortation apostolique Ordinatio Sacerdotalis (1994) qui stipule que l’Église n’a « en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes », affirmant ainsi que c’est la volonté de Dieu, ce qu’elle considère comme de la « manipulation » et de l’« instrumentalisation ». La conséquence directe fut l’interdiction du débat public sur l’ordination des femmes. Elle critique le différentialisme promu par Jean Paul II, qui assigne aux femmes une vocation spécifique (l’aide, le mariage et la vie parentale), alors que l’homme, lui, est libre et sans vocation assignée. Elle rejette ce différentialisme, le jugeant insupportable au XXIe siècle car il a des vices cachés et justifie l’inégalité (comparant son usage à celui de la ségrégation aux États-Unis).
2. Pape François : Un Pape Entravé Elle estime que le Pape François est empêché de réaliser tout ce qu’il voudrait faire par une large frange conservatrice au sein de la haute hiérarchie, particulièrement un « clan conservateur essentiellement américain » qui agite la menace d’un schisme. La question des femmes est la question clivante par excellence dans ce contexte, et les femmes sont « prises en otage ». Bien qu’elle reconnaisse que François a nommé quelques femmes à des postes de responsabilité, dont une avec droit de vote au synode, elle juge ces avancées « dérisoires » compte tenu du nombre (environ 5 000 décideurs dans l’Église).
Réinterprétations Doctrinales et Évangéliques
Anne Soupa milite pour une nouvelle lecture des textes fondateurs, libérée des interprétations juridiques rigides :
• Le Mythe d’Adam et Ève : Elle dénonce l’« entourloupe » qui a fait oublier qu’« Adam » signifie l’être humain (l’adam) dans le récit de Genèse 2. L’interprétation qui fait de l’homme le premier créé est une erreur massive qui a marqué le monde catholique pendant deux mille ans. Si Adam est l’être humain, l’« aide » que Dieu lui fait est mutuelle. De plus, elle souligne que le mot traduit par « côte » (d’Adam) signifie aussi « côté », comme les deux côtés de l’Arche d’Alliance, plaçant le couple sur un pied d’égalité.
• Jésus et les Femmes : Elle souligne que Jésus est un modèle, car il n’a jamais fait « acceptions de sexe de genre » et a considéré les femmes comme des êtres humains à part entière. Elle affirme que Jésus « a inventé les droits de l’homme en inventant les droits des femmes ».
• Critique des Figures Féminines Déformées : Elle dénonce la manière dont l’Église a appauvri les figures féminines majeures :
◦ Marie de Magdala : Le sort qui lui a été donné est l’« outrage maximal » fait aux femmes. Elle est le premier témoin de la Résurrection (apostola apostolorum) et une figure éminente de l’Église, ayant fait le travail de passer du corps de chair au corps spirituel. Jusqu’au XIVe-XVe siècle, des vitraux la représentaient en train de prêcher, marquant un « sacré recul » de la place des femmes aujourd’hui.
◦ Marie (la Mère de Jésus) : L’Église a rendu sa figure silencieuse, méditative et l’a appauvrie, oubliant que le Magnificat qu’elle prononce est l’un des textes les plus subversifs de l’Évangile.
◦ La Samaritaine : L’Église a transformé cette figure théologique majeure, qui discutait avec Jésus des cinq dieux (maris) importés par les Assyriens, en une simple « femme de mauvaise vie » et d’adultère.
Espérance et Stratégie de Changement
Anne Soupa est désespérée par la non-évolution de l’Église institutionnelle. Elle exprime l’idée que si l’Église catholique ne s’ouvre pas aux femmes, elle disparaîtra ou deviendra une « petite secte ».
Son espérance réside dans les femmes et les hommes qui agissent. Puisque l’Église ne voudra « jamais changer », la seule méthode efficace est le témoignage et la preuve par l’exemple. Les femmes et les fidèles doivent prendre des initiatives pour se rendre nécessaires, par exemple en créant des initiatives et des communautés vivantes.
Elle attend également une évolution sociétale où la non-discrimination des sexes et les droits humains prendront le pas sur la liberté religieuse, estimant qu’il deviendra intolérable que les droits de l’homme ne s’appliquent pas dans les religions.
Enfin, elle déplore que l’institution catholique ait choisi la paternité (la structure verticale et pyramidale) au détriment de la fraternité, qui est pourtant le message central de l’Évangile. L’avenir du catholicisme passe par le développement de relations fraternelles et de l’horizontalité.
Femmes dans l’Église.
La discussion sur les « Femmes dans l’Église », telle qu’elle est menée par Anne Soupa, se concentre sur une critique acerbe du cléricalisme structurel et sur l’urgence d’une refonte théologique et institutionnelle pour que l’Église catholique puisse survivre à l’ère de la non-discrimination.
Anne Soupa, essayiste, journaliste et militante, cherche à provoquer un éveil des consciences devant l’invisibilité des femmes dans l’Église catholique par son action (notamment sa candidature symbolique à l’archevêché de Lyon en 2020) et ses ouvrages.
Voici les points essentiels de sa discussion concernant les femmes dans l’Église :
1. La Crise Structurelle et le Problème du Cléricalisme
Anne Soupa diagnostique que le catholicisme de 2022 est marqué par un cléricalisme structurel. Le nœud du problème remonte à la réforme grégorienne (XIe-XIIe siècle) qui a établi une juxtaposition de la fonction d’ordre (sacerdoce) et de la fonction de gouvernement (juridiction).
• L’Appauvrissement des Forces Vives: Cette fusion des pouvoirs fait que toutes les responsabilités majeures (gouvernement, enseignement, sanctification — les tria munera) sont confiées exclusivement aux prêtres et aux clercs. Ce mode de recrutement, basé sur un vivier annuel de seulement une centaine de candidats à la prêtrise, est beaucoup trop faible pour gouverner efficacement un diocèse, menant à l’appauvrissement de l’Église catholique en force humaine.
• La Non-Pertinence de l’Ordination Actuelle: Bien que l’association Comité de la Jupe demande l’égalité, Soupa juge qu’il n’est pas opportun d’ordonner des femmes en ce moment. Elle estime que le ministère ordonné est dans une crise si profonde et que le droit canon est « mal fichu » (notamment l’article 1008 qui affirme, selon elle de manière « folle », que le ministère ordonné est d’institution divine). La solution passe par la déconnexion de l’ordre et de la juridiction.
2. Le Rôle des Papes et la Question des Droits
Soupa analyse l’évolution de la place des femmes à travers les actions et les doctrines papales, soulignant que l’institution a fait le choix de la paternité (structure verticale) au détriment de la fraternité (horizontalité).
Jean-Paul II : Le Recul de l’Égalité
Anne Soupa soutient que la cause des femmes a beaucoup reculé avec Jean-Paul II.
• Discrimination Basée sur le Sexe: Contre le mouvement mondial affirmant que les droits découlent du fait d’être un être humain, le Vatican, sous Jean-Paul II, a affirmé que les droits dépendent du sexe.
• Interdiction du Débat: En 1994, Jean-Paul II a publié Ordinatio Sacerdotalis affirmant que l’Église « n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes », attribuant cette position à la volonté de Dieu. Soupa qualifie cela de « manipulation » et d’« instrumentalisation ». Cette déclaration a eu pour conséquence d’interdire le débat public sur la question de l’ordination.
• Le Différentialisme: Jean-Paul II a soutenu un différentialisme qui assigne aux femmes une vocation spécifique, définie comme l’aide, le mariage et la vie parentale, tandis que l’homme est libre et sans vocation assignée. Soupa récuse fortement ce différentialisme car il a des vices cachés qui justifient l’inégalité.
Le Pape François : L’Empêchement
Le Pape François, bien qu’ayant l’intention de confier des responsabilités aux femmes au titre de leur baptême, est empêché par une grande frange conservatrice au sein de la haute hiérarchie, notamment un « clan conservateur essentiellement américain ».
• Les Femmes Prises en Otage: La question des femmes est la « question clivante par excellence » utilisée pour agiter la menace d’un schisme.
• Avancées Dérisoires: Bien que François ait nommé quelques femmes à des postes de responsabilité, dont une avec droit de vote au synode, Soupa juge ces avancées « dérisoires » face aux quelque cinq mille décideurs que compte l’Église.
3. La Réhabilitation des Figures et des Textes Évangéliques
Soupa insiste sur le fait que l’Église catholique a créé des bifurcations par rapport au récit fondateur et a maltraitées les femmes des Évangiles.
• L’Erreur d’Adam: La tradition catholique a commis une « entourloupe » en interprétant « Adam » comme l’homme (mâle) au lieu de l’être humain (l’adam). Le récit originel de Genèse 2 montrerait une création simultanée et une aide mutuelle. De plus, le mot traduit par « côte » (d’Adam) signifie aussi « côté », comme les côtés de l’Arche d’Alliance, suggérant un couple sur un pied d’égalité.
• Jésus, Champion de l’Égalité: Jésus n’a jamais fait « acceptions de sexe de genre » et a considéré les femmes comme des êtres humains à part entière. Elle affirme que Jésus a « inventé les droits de l’homme en inventant les droits des femmes ».
• L’Outrage à Marie de Magdala: Le sort donné à Marie de Magdala est l’« outrage maximal fait aux femmes ». Elle est le premier témoin de la résurrection (apostola apostolorum), pourtant sa figure a été effacée et appauvrie, alors qu’elle a accompli le travail symbolique de passer du corps de chair au corps spirituel. Jusqu’au XIVe-XVe siècle, des vitraux la représentaient en train de prêcher, marquant un « sacré recul » de la place des femmes aujourd’hui.
• Marie et la Samaritaine: L’Église a appauvri la figure de Marie, rendant son Magnificat (un texte subversif) silencieux et méditatif. La Samaritaine a été transformée en « femme de mauvaise vie », ignorant que les « cinq maris » étaient en réalité des dieux symboliques apportés par les Assyriens, démontrant ainsi un dialogue théologique de haut niveau entre elle et Jésus.
4. L’Espérance et la Stratégie d’Avenir
Soupa est « désespérée par la non-évolution » de l’Église institutionnelle. Elle prédit que si l’Église ne s’ouvre pas aux femmes, elle disparaîtra ou deviendra une « petite secte », car la société n’accepte plus la non-discrimination.
• Le Témoignage comme Moteur de Changement: Puisque l’Église ne voudra « jamais changer » d’elle-même, la seule méthode efficace est que les femmes (et les hommes) agissent par le témoignage et la preuve par l’exemple. Les femmes doivent prendre des initiatives pour se rendre nécessaires.
• La Primauté des Droits Humains: Elle place son espérance dans l’évolution sociétale, où la question de la non-discrimination des sexes et l’égalité des droits humains finiront par se heurter à la liberté religieuse. Elle anticipe le jour où il sera « intolérable que les droits de l’homme ne s’appliquent pas dans les églises ». L’ONU aurait déjà demandé que les droits humains soient placés au-dessus de la liberté religieuse.
Récits bibliques interprétation.
Le thème de l’interprétation des récits bibliques est central dans les analyses d’Anne Soupa, particulièrement en ce qui concerne la place des femmesLe thème de l’interprétation des récits bibliques est central dans les analyses d’Anne Soupa, particulièrement en ce qui concerne la place des femmes dans l’Église catholique. Elle soutient que l’institution a délibérément déformé ou rigidifié des textes originellement symboliques et égalitaires, ce qui a conduit à l’établissement d’un système cléricaliste et patriarcal.
Voici les principaux points de la discussion sur l’interprétation des récits bibliques, tels qu’abordés dans les sources :
1. La Nature des Récits Fondateurs et la Faute du Créationnisme
Anne Soupa insiste sur le caractère unique des récits de commencement, notamment Genèse 2 :
• Récits sans Témoins et Héritage: Les récits de la création de l’homme et de la femme sont des récits sans témoins. Ils témoignent non pas d’une histoire factuelle, mais de la manière dont les rédacteurs se sont représenté le monde et son origine. Elle qualifie les premiers parents d’héritiers, car on leur fait porter « toutes les visions du monde qu’on a » en accumulant sur eux l’histoire des siècles.
• Hautement Symbolique: Ces récits sont de type archétypal. Le respect que nous leur portons doit être « majoré ». Soupa considère le créationnisme américain comme une « faute majeure contre l’esprit » parce qu’il ignore que ces récits sont hautement symboliques. Leur puissance réside dans leur capacité à fédérer et à connecter l’assemblée écoutante aux origines.
2. Les Bifurcations et Distorsions Catholiques
Anne Soupa dénonce plusieurs « entourloupes » et « bifurcations » de l’Église catholique par rapport au récit fondateur :
A. Le Concept d’Adam et l’Égalité du Couple
• L’Erreur d’Identification: L’interprétation dominante dans le monde catholique a été que « Adam » est l’homme (mâle), et non l’« être humain ». Il y a eu une « entourloupe » qui a conduit l’Église à vivre pendant 2000 ans sur cette interprétation erronée, bien que le monde juif ait semblé en être préservé.
• Création Simultanée: L’interprétation juste, selon Soupa, est qu’Adam est l’être humain. Le récit originel suggère une création simultanée (ou une coupe en deux de l’être humain) et non une création séquentielle.
• L’Aide Mutuelle: Si Adam est l’être humain, alors l’« aide » que Dieu lui crée est mutuelle. Cependant, l’Église catholique (notamment sous Jean-Paul II) a insisté sur le fait que l’aide est avant tout la femme, définissant ainsi sa vocation comme l’aide, le mariage et la vie parentale.
• La Côte/Le Côté : Le mot hébreu traduit par « côte » signifie aussi « côté ». Dans ce sens, le couple serait sur un pied d’égalité, comme les deux côtés de l’Arche d’Alliance, faisant du couple une image de l’Arche. L’interprétation en « 32ème de l’homme » (la côte) est jugée déshonorante pour la femme.
B. Le Péché Originel et le Fratricide
• L’Interdit et la Désobéissance: Le récit de Genèse 2 pose un interdit (l’arbre de la connaissance du bien et du mal). Le couple a désobéi, mais le mot de « péché » n’est pas prononcé dans ce récit.
• Le Fratricide, Premier Péché: Le mot « péché » n’apparaît qu’au chapitre 4, lors du fratricide (Caïn et Abel). Le premier péché de l’humanité est donc le fratricide.
• Bifurcation Théologique: La tradition catholique a été « tellement forte » sur la désobéissance du jardin qu’elle a construit toute une théologie de la rédemption basée là-dessus, tandis qu’elle a été « extrêmement discrète sur le fratricide ». Cette discrétion s’expliquerait par le fait que l’Église était alors engagée dans un système temporel où elle « faisait la guerre » et était devenue « très vite excluante ».
3. La Maltraitance des Figures Féminines Évangéliques
L’interprétation ecclésiale a « maltraité » les figures féminines dans les Évangiles, les appauvrissant et les déformant :
• Marie de Magdala : Son sort est l’« outrage maximal fait aux femmes ». Premier témoin de la résurrection (apostola apostolorum), elle accomplit le travail de passer « du corps de chair au corps spirituel ». Elle devrait être une figure éminente justifiant la place des femmes aujourd’hui. Pourtant, son rôle a été largement effacé, alors que jusqu’aux XIVe-XVe siècles, des vitraux la représentaient en train de prêcher.
• Marie, Mère de Jésus : L’Église a imposé un appauvrissement de sa figure, la rendant silencieuse et méditative. Le Magnificat qu’elle prononce est pourtant un des textes les plus subversifs de l’Évangile, mais les prédicateurs ont préféré dire que Marie « méditait toutes ces choses dans son cœur en silence ».
• La Samaritaine : Elle est un exemple de l’interprétation la plus erronée. Elle a été transformée en « femme de mauvaise vie qui avait cinq maris ». Or, les cinq maris sont des dieux symboliques apportés par les Assyriens, comme l’atteste le livre des Rois. Sa conversation avec Jésus était une discussion théologique de haut niveau sur l’« eau vive » (le désir de Dieu), et non sur l’adultère.
4. L’Espoir dans l’Exégèse Féminine
Face à cette « faute » d’interprétation, Anne Soupa se réjouit que des femmes biblistes travaillent aujourd’hui les Écritures pour « rétablir un peu les choses ».
Elle cite l’exemple d’une exégète femme qui a sorti l’interprétation correcte de la Samaritaine du « double » où elle était enfermée. Elle mentionne Imtraut Fischer qui réhabilite la figure de Sarah en position d’Israël malmené, dans sa dimension symbolique. C’est une « chance » qu’aujourd’hui la Bible soit interprétée par des hommes et des femmes pour corriger les lectures anciennes.
Jean Paul II.
Silencieusement, je me prépare à discuter de la figure de Jean-Paul II (Pape de 1978 à 2005) à travers le prisme de son attitude et de ses décisions concernant la place des femmes dans l’Église, tel qu’analysé par Anne Soupa.
Le pontificat de Jean-Paul II est considéré comme un recul majeur pour la cause des femmes dans l’Église catholique.
Voici une discussion détaillée de ses actions et de leur impact, selon les sources :
1. Restriction de l’Autonomie des Femmes et Opposition à l’Émancipation
Jean-Paul II est accusé d’avoir fait prendre à l’Église un tournant opposé à l’émancipation des femmes.
• Interdiction de la Contraception : Jean-Paul II aurait insisté auprès de Paul VI pour que l’encyclique Humanae Vitae (publiée en 1968, mais que les sources situent autour de 1969 pour les conséquences) soit promulguée, interdisant la contraception. Il a pris cette position contre l’avis de la commission spécialisée que Paul VI avait réunie.
◦ Les sociologues et les historiens considèrent cette décision comme un facteur considérable du départ des femmes de l’Église, marquant une rupture très nette et heurtant de nombreux couples.
• Droits Dépendants du Sexe : Dans le contexte des grandes conférences des Nations Unies sur les femmes (culminant à Pékin en 1995), Jean-Paul II s’est opposé à la vision universelle. Alors que la quasi-totalité des États affirmaient que les droits dérivent du fait d’être un être humain, le Vatican (avec quelques pays dictatoriaux) a répondu que les droits dépendent du sexe. Anne Soupa souligne l’énormité de cet écart fondamental.
2. Le Verrouillage Doctrinal et l’Interdiction du Débat
Jean-Paul II a mis en place des mesures autoritaires qui ont bloqué toute discussion sur l’évolution du rôle des femmes :
• Ordinatio Sacerdotalis (1994) : Il a publié cette exhortation apostolique un an avant la conférence de Pékin. Contrairement à son prédécesseur, qui disait manquer d’éléments pour prendre position sur l’ordination des femmes, Jean-Paul II a déclaré :
« L’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes ».
◦ Il a affirmé que « cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles ».
◦ En affirmant que l’Église n’a pas le pouvoir, il « fait parler Dieu » et présente sa position comme la volonté divine. Anne Soupa qualifie cela de « manipulation » et d’« instrumentalisation ».
• Interdiction du Débat Public : La conséquence la plus grave de ce texte fut que le sujet ne justifiait pas le débat, menant à l’interdiction du débat public sur l’ordination des femmes. Ce verrouillage rend difficile de revenir sur la question, et les évêques qui prennent position en faveur de l’ordination sont l’objet de mises à l’écart.
3. Le Différentialisme et la Restreinte des Libertés
Jean-Paul II a promu une idéologie de la différence sexuelle (différentialisme) qui, selon Anne Soupa, avait des vices cachés menant à l’inégalité. Il a séduit les femmes en les mettant dans une « cage dorée », mais en restreignant leur liberté.
• L’Assignation Vocationnelle : Dans sa Lettre aux femmes (1995), Jean-Paul II soutient que la femme a une vocation spécifique : l’aide (en référence à Genèse 2). Cette aide est définie plus précisément comme le mariage et la vie parentale.
• Inégalité de Traitement : Jean-Paul II crée une différence fondamentale de statut :
◦ L’homme n’a pas de vocation et est libre.
◦ La femme est faite pour quelque chose, pour le mariage.
• Critique de l’Assignation : Anne Soupa juge insupportable qu’une norme soit établie dans les Écritures pour assigner les femmes à cette vocation au XXIe siècle, car cela ne peut être qu’un choix personnel légitime, non une obligation normative.
• Dévalorisation et Compliments Ambivalents : Jean-Paul II attribue aux femmes des rôles concrets mais limitants :
◦ Elles sont faites pour aimer (ce qui, selon Soupa, est dur pour les hommes qui n’auraient pas ce rôle).
◦ Le Cardinal Ratzinger (futur Benoît XVI) a renforcé cette idée en 2004, disant que la femme a l’intuition que le meilleur de sa vie est ordonné à « l’éveil d’un autre à sa croissance, à sa protection », ce qui développe en elle un sens des « choses concrètes qui s’opposent aux abstractions souvent mortifères ». Soupa y voit un « petit coup de séduction » mais qui dévalorise la contribution intellectuelle des femmes.
◦ Il les a aussi appelées les « sentinelles de l’invisible » (en 2004), ce qui signifie qu’elles ne sont « pas faites pour le visible », ajoutant une charge lourde d’assignation.
• Le Modèle de Marie : Jean-Paul II utilise Marie comme le modèle de la femme qui réalise la plénitude de la perfection « de ce qui est caractéristique de la femme ». Soupa trouve cela « épouvantable » de donner un modèle de vierge et de mère à la fois aux femmes, insistant sur l’incompatibilité et le besoin d’accéder au sens symbolique du mot.
4. Le Différentialisme, Cause d’Inégalité
Anne Soupa récuse fortement le différentialisme de Jean-Paul II au profit d’un universalisme.
• Elle maintient que le différentialisme a des vices cachés car il sous-tend l’inégalité.
• Elle illustre ce danger en rappelant que le différentialisme fut un argument utilisé pour justifier la ségrégation entre les Noirs aux États-Unis (« vous êtes différents, vous êtes des poètes, vous êtes faits pour aller dans les champs, pas pour voter »).
En résumé, Jean-Paul II est perçu comme celui qui a institutionnalisé l’inégalité statutaire dans l’Église en utilisant la doctrine pour interdire le débat et en assignant les femmes à des rôles spécifiques basés sur le sexe plutôt que sur leur dignité humaine universelle.
Égalité non-discrimination.
La question de l’égalité et de la non-discrimination est au cœur de la démarche militante et théologique d’Anne Soupa au sein du catholicisme, l’amenant à dénoncer fermement les structures cléricales et les doctrines papales qui ont institutionnalisé l’inégalité statutaire.
1. La Demande d’Égalité et le Rejet du Différentialisme
Anne Soupa et le Comité de la Jupe, dont elle s’occupe, ont explicitement demandé l’égalité. Leur objectif est clair : « nous nous voulons la même chose que les hommes ».
Cependant, l’Église, notamment sous le pontificat de Jean-Paul II, a opposé à cette demande le principe du différentialisme.
• L’Assignation Sexuelle : Le différentialisme soutient que les droits des individus dépendent du sexe. Il assigne à la femme une vocation spécifique — l’aide, le mariage et la vie parentale — tandis que l’homme n’a pas de vocation et est considéré comme libre. Soupa trouve cette manière d’assigner les femmes à une vocation insupportable au XXIe siècle, car cela ne devrait être qu’un choix personnel légitime, non une norme imposée par les Écritures.
• Le Vice Caché de l’Inégalité : Anne Soupa conteste fortement le différentialisme au profit de l’universalisme. Elle soutient que le différentialisme a des vices cachés en ce qu’il « sous-tend l’inégalité ». Elle établit un parallèle historique en rappelant que cet argument a été utilisé pour justifier la ségrégation aux États-Unis (par exemple, en disant que les Noirs étaient faits pour aller dans les champs, mais pas pour voter).
2. Le Verrouillage Doctrinal contre la Non-Discrimination
Malgré le fait que le Concile Vatican II ait pris position contre toute forme de discrimination fondée sur le sexe (dans Gaudium et Spes), Jean-Paul II a mis en place des mesures restreignant l’égalité.
• Régression des Droits : À l’époque des grandes conférences de l’ONU, le Vatican, avec quelques pays dictatoriaux, a affirmé que les droits dépendent du sexe, s’écartant de la position de la majorité des États qui reconnaissaient que les droits dérivent du fait d’être un être humain.
• Interdiction du Débat : En 1994, Jean-Paul II a publié Ordinatio Sacerdotalis, affirmant que l’Église « n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes ». Cette position devait être « définitivement tenue par tous les fidèles », ce qui eut pour effet d’interdire le débat public sur la question de l’ordination. Ce verrouillage a rendu difficile de revenir sur la question.
3. Les Fondements Égalitaires de l’Évangile
Pour appuyer son plaidoyer en faveur de la non-discrimination, Anne Soupa se tourne vers l’attitude de Jésus :
• Universalisme de Jésus : Elle souligne que Jésus, dans un monde qui n’était pas tendre envers les femmes, « n’a jamais fait acceptions de sexe de genre ». Il a considéré les femmes comme des « êtres humains à part entière ».
• Pionnier des Droits : Elle affirme que Jésus « a inventé les droits de l’homme en inventant les droits des femmes » en leur donnant la même place qu’aux hommes.
4. L’Égalité Face à la Crise Institutionnelle
La non-discrimination et l’égalité sont perçues comme essentielles à la survie de l’Église :
• Inévitabilité Sociétale : L’Église catholique ne pourra pas tenir face à une société qui est mixte et « non discriminante ». Si elle ne s’ouvre pas aux femmes, elle disparaîtra ou deviendra une « petite secte ».
• Le Choc des Principes : L’évolution que Soupa attend est l’affrontement entre la question de la non-discrimination des sexes (les droits humains) et la liberté religieuse.
• Primauté des Droits Humains : Elle anticipe le jour où il sera « intolérable que les droits de l’homme ne s’applique pas dans les églises et dans les religions ». Elle note que l’ONU a déjà demandé que les droits humains soient placés au-dessus de la liberté religieuse.
En somme, pour Anne Soupa, l’égalité et la non-discrimination ne sont pas seulement des objectifs moraux, mais des nécessités structurelles et exégétiques, vitales pour ramener l’Église institutionnelle vers l’universalisme prôné par l’Évangile.
Le thème de l’année est « Les femmes dans les religions monothéistes ». Cette conférence sera dédié au judaïsme par Mme le Rabbin Iris Ferreira qui après des études rabbiniques à Londres est la première femme rabbin ordonnée en France et exerce au sein de la communauté juive libérale de Strasbourg.
https://www.youtube.com/watch?v=oOcHRRkfldE
Conférence Cordoba les femmes dans les religions monothéistes, le judaïsme
Nous avons le plaisir de vous inviter à suivre en direct l’interview d’une figure de l’islam en France : Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France, sur le thème de « L’islam et la République » le dimanche 13 juin à 20 h 30.
Suivez ici en direct sur notre site et Youtube l’entretien avec
Haim KORSIA
Grand Rabbin de France
Qui répondra aux questions de Cordoba sur le thème :
« Comment le judaïsme s’inscrit-il dans la République ? »
Posez sur le site avant le 10 avril à 22h à Haïm Korsia une question autour du thème de l’Entretien. Notez qu’une sélection aura lieu en fonction du nombre de questions reçues.
Rencontres avec des personnalités du monde des religions,
Les Grands Entretiens de Cordoba
abordent des problématiques clés avec les meilleurs spécialistes des trois monothéismes.
L’association Cordoba vous invite à la prochaine conférence. Le thème de l’année est « Les grands penseurs dissidents des monothéismes ». Cette conférence sera dédié à Baruch Spinoza par Ariel Suhamy.
La date de cette conférence est fixée au 20 octobre 2021.
Conférence sur Baruch Spinoza le 28 avril 2020 à Saint Mandé